Tantôt contradictoires, tantôt complémentaires, l’analyse technique de marchés et l’analyse économique fondamentale se retrouvent sur un point essentiel : l’importance des cycles. Ainsi, qu’ils soient de long terme ou à courte échéance, qu’ils concernent les grandeurs financières ou les agrégats économiques, les cycles sont inévitables. S’ils sont bien anticipés, ils permettent de prendre de bonnes décisions de politiques économiques et/ou de stratégies d’investissement. Sinon, ils peuvent devenir une source de déboires tant d’un point de vue financier qu’économique et social. Le problème est donc de réussir à les identifier suffisamment tôt et de parvenir à les dater le plus justement possible. C’est évidemment là que les difficultés commencent. Sur le front de la théorie économique, on distingue ainsi quatre grands types de cycles : le cycle de Kitchin, de trois à quatre ans, le cycle de Juglar, de huit à dix ans, celui de Kuznets, de quinze à vingt-cinq ans et enfin, le fameux cycle de Kondratieff, de quarante à soixante ans.
Des cycles visibles après coup
Le problème est qu’empiriquement, ces cycles ne sont visibles qu’après coup et que leur occurrence, ainsi que leur durée sont loin d’être parfaitement vérifiées. De plus, comme souvent, la pratique diverge de la théorie. C’est d’ailleurs ce qu’il y a de plus fascinant dans l’analyse économique : ce qui a pu être vrai à un instant « t », ne l’est plus forcément en t+1.
Et ce, a fortiori depuis quelques années où les crises, les révolutions technologiques et les cycles économiques sont de plus en plus massifs et violents, devenant par là même difficilement prévisibles. Plus que jamais, la prévision doit donc se faire avec la plus grande humilité possible.
C’est dans ce cadre que nous avons décelé un nouveau cycle de crise économique et financière de sept ans. Le premier débute avec le choc pétrolier d’octobre 1973. Celui-ci va marquer la fin des « Trente glorieuses » , la fin de l’hégémonie du keynésianisme et l’avènement de la stagflation (stagnation économique et inflation élevée). Des phénomènes qui vont encore être renforcés sept ans plus tard lors du second choc pétrolier qui va plonger le monde développé dans une grave récession en 1980. Sept ans plus tard, après avoir bénéficié du contre-choc pétrolier, des
réformes Reagan et du retour de la croissance aux Etats-Unis, le monde économique et surtout financier va de nouveau plonger, avec le krach d’octobre 1987. Cette fois-ci le déclencheur n’est pas une guerre, mais la crainte d’une remontée des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine, dont la présidence vient d’être confiée à… Alan Greenspan, qui n’a pas encore gagné ses lettres de noblesse. C’est pourtant à cause de cette même crainte de resserrement monétaire américain que, sept ans plus tard, en 1994, une nouvelle tempête va exploser, en l’occurrence un krach obligataire (c’est-à-dire une phase de forte remontée des taux des obligations, notamment d’Etat), qui suscitera par contagion, une crise
dans les pays émergents, principalement en Amérique latine et surtout au Mexique, qu’on appellera ensuite « effet tequila ».
La malédiction des 7 ans
Mais la malédiction des sept ans ne s’arrête pas là. Et pour cause : le 11 septembre 2001 plonge les marchés financiers et l’ensemble de la planète dans une spirale récessive qui ne prendra fin qu’en 2003. Ceux-ci étaient alors loin de penser que, sept ans plus tard, le 15 septembre 2008, ils allaient s’effondrer dans une crise encore plus vertigineuse
que celle de 2001, à savoir la faillite de Lehman Brothers et son corollaire l’écroulement du système bancaire international. Le monde était dans une crise proche de celle de 1929. Fort heureusement, les dirigeants de la planète vont actionner une relance (budgétaire et monétaire) sans précédent qui va permettre à la machine économique d’éviter
le drame des années 1930 et de redémarrer progressivement.
Seulement voilà, nous sommes aujourd’hui dans la septième et dernière année de ce cycle infernal : la septième année du septième cycle. Pourtant, à la différence des six crises précédentes, qui étaient difficilement prévisibles puisque liées à des chocs extra-économiques, les arguments justifiant une nouvelle crise sont particulièrement nombreux : flambée
artificielle (donc bulle) des marchés obligataires et boursiers internationaux, ralentissement de la croissance mondiale,
incapacité de la zone euro à sortir du pétrin grec, dette publique proche 100 % du PIB dans de très nombreux pays européens (notamment la France) également incapables de retrouver le chemin de la croissance forte, risque de resserrement monétaire aux Etats-Unis, pays émergents fragilisés, sans oublier les forts risques géopolitiques à travers
le monde (Russie-Ukraine, Iran, Daesh, menaces terroristes en Occident…).
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----------------------------------Sur un baril de poudre
Bref, le monde est assis sur un baril de poudre. La question est simplement de savoir qui sera le détonateur de la prochaine crise. Evidemment tous les regards se tournent vers les dangers géopolitiques, les Etats-Unis ou encore la Grèce. Mais, une fois encore, le déclencheur ne viendra sûrement pas là où on l’attend. Il pourrait par exemple prendre la
forme de la faillite d’une caisse de retraite française. Nous savons que deux d’entre elles sont en déficit dramatique depuis deux ans. L’Etat français devrait alors venir à la rescousse, mais avec quels moyens ? Une nouvelle hausse de la dette ? Un krach obligataire et boursier pourrait alors s’ensuivre, entraînant la planète dans une récession dramatique.
Car, si en 2008, les autorités monétaires et budgétaires internationales ont pu agir et sortir l’artillerie lourde pour éviter le désastre, elles n’ont aujourd’hui plus de munition. Relance pharaonique, baisse des taux d’intérêt, planche à billets. Tout a déjà été utilisé.
En conclusion, même si nous ne sommes pas devins, nous anticipons qu’en toute logique, compte tenu des fondamentaux économico-financiers internationaux, mais aussi de notre cycle « sismique » de sept ans, une grave crise va débuter d’ici la fin 2015. Restez donc liquides, vendez vos obligations d’Etat, éventuellement investissez à long terme,
par exemple dans la pierre ou dans de belles entreprises et surtout carpe diem : profitez de l’instant présent !
Par Marc Touati, President du cabinet ACDEFI et auteur de « Guerir la France. La thérapie de choc ».
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Note: Tous les investissements sont discutés, annoncés et partagés en temps réel sur L'Académie des Graphs. Le portefeuille représente mes convictions personnelles consolidées (de mes différents courtiers) et n'est pas une incitation à l'achat ni à la vente. La performance en cours inclus les gains ou moins values latentes et l'impact du change sur les actions étrangères. Performance 2023: +38%; 2022: +46%; 2021: +122%; 2020: +121%; 2019: +79%; 2018: +21%; 2017: +24%; 2016: +12%; 2015: +45%; 2014: +30%; 2013:+72%, 2012:+9%, 2011:-11%... Suivez mon portefeuille et mes positions gratuitement en cliquant-ici